Avec la Semaine olympique et paralympique, le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse et Paris 2024 dédient une semaine par an à la promotion de la pratique sportive chez les jeunes et à la mobilisation de la communauté éducative autour des valeurs citoyennes et sportives. Dans le prolongement de la Journée nationale du sport scolaire et en amont de la Journée olympique, la Semaine olympique et paralympique, du 2 au 6 avril 2024, est un moment clé pour éveiller les élèves aux bienfaits de la pratique sportive régulière. Elle participe également à mobiliser les parents autour de cet enjeu.
Actions dans l'académie
De nombreuses activités sont mises en places dans l'académie de Besançon :
retrouvez toutes les actions grâce à la carte interactive de Génération 2024
Sandrine Mariot, enseignante d'EPS et ancienne sportive de haut niveau
Dans la vie d'un sportif de haut niveau, chaque étape compte, façonnant un parcours unique et souvent parsemé de défis à relever. Le récit de Sandrine Mariot, enseignante d'EPS au collège Victor Hugo de Besançon, révèle un parcours alliant éducation et performance sportive.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours sportif en tant qu'enseignante de l'académie ?
"J’ai été professeur de sport au lycée Louis Pergaud de Besançon pendant un an, puis j’ai bénéficié du statut de haut niveau durant huit ans à l’UNSS du Doubs, puisque le Ministère de l’Éducation nationale met de côté des portes pour les sportifs de haut niveau. J’ai pu bénéficier d’aménagement d’horaires et d’emploi du temps pour mes entraînements ou mes déplacements. Je devais ainsi deux jours de travail hebdomadaires à l’UNSS où j’organisais le sport scolaire le mercredi, j’organisais les compétitions et je faisais le suivi des arbitres. Cet aménagement de poste était super bien pour garder en ligne de mire la performance.
À cette époque, le double projet dans le sport de haut niveau féminin était une évidence et était inévitable pour une après-carrière sportive au début des années 2000. Durant ce temps-là, j’ai été championne du monde de handball en 2003 en équipe de France, et j’ai également participé aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000 et d’Athènes en 2004. J’ai ensuite basculé dans le mouvement intra mutation basique de l’Éducation nationale ou j’ai enseigné durant trois ans en titulaire sur zone de remplacement (TZR) en Haute-Saône puis durant huit ans au collège Diderot de Besançon. Je suis maintenant enseignante d’EPS au collège Victor Hugo de Besançon."
Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le handball et ce qui vous a inspiré à poursuivre ce sport au niveau professionnel ?
"J’ai commencé le handball tôt. Mes parents étaient des athlètes. Mes sœurs et mes amies faisaient du handball donc je suivais. Ce qui me plaisait le plus était l’échange, la mixité, puisqu’à l’époque on jouait avec des filles mais également avec des garçons. J’ai vécu de très bons moments, toujours dans la bonne humeur. Les gymnases étaient des endroits où les parents ne venaient pas. C’était des moments hors de l’école, des moments récréatifs et festifs où on jouait au ballon avec des copains et des copines sans se prendre la tête sur qui a gagné, qui a perdu. On avait cette légèreté de jouer, quand était jeune, et, surtout, de se faire plaisir.
J’ai tracé mon chemin avec de la réussite, avec des équipes jeunes de Besançon, j’ai trouvé une envie de gagner à plusieurs, de partager cette victoire. On ne peut rien faire tout seul. Chaque personne est un maillon indispensable d’une chaine. Vers l’âge de 14-15 ans, je me suis rendue compte, en pratiquant d’autres activités physiques comme la gymnastique, le tennis, le patinage artistique ou encore l’athlétisme, que toute cette motricité développée à travers ces différents sports m’avait donné des qualités physiques assez riches que je pouvais ré-exploiter dans le handball.
En 1999, j’ai participé au championnat du monde féminin en Norvège, avec une grosse ossature de l’équipe France Espoirs. C’est la première fois que la France se qualifie en championnat du monde en A. On finit vice-championnes du monde et, contre toute attente, on se qualifie pour les Jeux Olympiques de Sydney, ce qui n’était pas du tout prévu, pas du tout en ligne de mire de la Fédération française de Handball. On est six mois avant les Jeux Olympiques de Sydney et on est la première équipe de sport féminin à se qualifier. C’était la dernière possibilité. Mes co-équipières et moi étions déjà très contentes d’être au championnat du monde en A. On s’est dit qu’on allait y aller match après match. On perd en finale contre la Norvège aux prolongations. Là, on bascule dans le sport médiatique et publicitaire, là où le handball féminin n’avait jamais mis un pied."
Comment avez-vous vécu l'expérience de remporter le Championnat du Monde de 2003 de handball ? Quels souvenirs gardez-vous de cette victoire ?
"On ne s’est pas mis trop de pression par rapport aux jeux olympiques, on a pris le même schéma qu’en Norvège, match après match et puis on a gagné.
C’était une finale incroyable, on s’est retrouvées à jouer dans une salle quasiment complètement hongroise, en Croatie, à Zagreb. Quand la Hongrie est en finale, tous les billets sont achetés par des hongrois, comme en Norvège. Donc là, on a fait abstraction du public et de l’ambiance. On perdait de six buts à six minutes de la fin, c’était donc mal engagé. C’était un scénario catastrophe, totalement dramatique qui se joue durant cette période de prolongations. Nous avions, à ce moment-là, cette envie de de refuser la défaite, et on joue six buts en six minutes. Et là, on gagne à la 54e minute, contre toute attente. Des personnes m’ont même dit, après coup, qu’elles avaient éteint leur télévision et qu’elles avaient appris la victoire le lendemain dans la presse. Donc il y a eu ce côté dingue, impossible à planifier, un scénario jamais vu, c’était pire qu’une remontada : on a gagné parce qu’on avait vraiment cette envie de ne rien lâcher, cette persévérance et détermination."
Quels étaient les principaux défis que vous avez dû surmonter en tant que joueuse de haut niveau pendant cette période de compétition intense ?
"Les défis sont permanents. Cela commence avant toute chose, durant les entraînements. Il y a cette volonté de vouloir donner le meilleur à l’équipe. Quand on veut bien arrêter de tout contrôler, ou de lâcher un petit peu l’image qu’on veut donner aux autres, on se rend compte que 50 % de nos capacités sont inexploitées. On a une force en nous qui est assez incroyable et on ne s’en rend pas assez compte. Dans un entraînement, dans un match ou durant un entraînement, il y a toujours des problèmes. Il faut donc arriver à trouver des stratégies pour arriver à ces fins."
En dehors du terrain, quelles sont les valeurs et les leçons que vous avez apprises grâce au handball et que vous avez pu appliquer dans d'autres aspects de votre vie ?
"Dans la vie, il ne faut jamais faire une deuxième fois la même erreur. On peut toujours trouver des stratégies pour contourner les problèmes, les contrepasser et ne pas abandonner au pied du mur. L’alliance de la persévérance, du dépassement de soi, de la volonté et de la confiance dans le collectif, dans l’autre, peut faire déplacer des montagnes. Si on a confiance en l’autre, l’autre a confiance en nous."
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes joueurs de handball qui aspirent à atteindre le niveau professionnel et à remporter des titres comme vous l'avez fait ?
"À mes élèves, j’ai envie de leur dire qu’il faut le faire. Il y a beaucoup d’élèves qui n’osent pas, par manque de confiance en eux, parce qu’il y a le regard des autres, parce qu’ils pensent qu’ils vont se tromper ou que ce soit trop difficile. J’essaie de les inciter à trouver du plaisir dans ce qu’ils font. J’essaye aussi de leur donner confiance en eux. Le collectif permet aussi de ne pas toujours passer les injonctions du professeur par le « je te demande de faire cela maintenant ». Lorsqu’ils font des jeux, se mettent en groupe avec des copains ou des copines, sortent de leur zone de confort, ils arrivent à développer des compétences qu’ils n’auraient pas oser développer à un moment donné. Donc je passe mon temps à les conforter dans ces notions-là. Tout se construit par l’éducation, la communauté, au collège et au lycée. Il y a un effet socialisant très important à ces âges-là d’après moi. Pour jouer au handball, il ne faut penser à rien, travailler son mental avec beaucoup de persévérance. Quand on ne sait plus, quand on est perdu, on doit se donner des outils pour se donner de nouvelles voies de passage pour contourner les problèmes que l’on rencontre. La persévérance est évidemment un travail mental très important, notamment lors des entraînements, qui permet de développer l’ambition leur permettant d’atteindre leurs objectifs. L’École aide, à travers l’éducation, à découvrir et faire en sorte que les élèves trouvent leurs propres chemins par eux-mêmes. Il est essentiel de se connaître soi-même pour trouver le meilleur chemin, qui n’est pas forcément le même que celui de ses camarades. L’École éduque les jeunes joueuses et les outille pour trouver des stratégies, des points forts, des points faibles, en mettant plus l’accent sur les points forts et en travaillant les points faibles pour devenir des joueuses complètes et à s’adapter à toutes les situations. Pour s’épanouir dans le handball, il faut un maximum de partage, de plaisir, d’adaptabilité et de liens avec les autres."
Mise à jour : mai 2024