Éditorial de la rectrice

"Après deux années de crise sanitaire qui ont éprouvé les équipes – comme tous les membres de la communauté éducative – et mis en lumière la qualité de leur engagement, la rentrée se déroule dans des conditions qui demeurent complexes. Une addition de crises majeures (sanitaire, économique, géopolitique, climatique) fragilise en effet le pacte social, au risque de favoriser le repli sur soi, et pis, d’encourager la haine ou la discorde.

Il est d’autant plus important d’insister sur la nécessité de faire communauté, de s’unir, de renforcer les collectifs et les coopérations. C’est à ce prix que nous favoriserons l’épanouissement professionnel de chaque personnel, et offrirons les meilleures conditions d’apprentissage à chaque élève.

Ne perdons en effet jamais de vue le noble sens de la mission qui unit tous les personnels et tous les partenaires du système éducatif : offrir à tous les élèves, où qu’ils se trouvent sur le territoire et quelles que soient leurs origines, les meilleures chances de réussir et de se construire le plus bel avenir. C’est là un enjeu de justice sociale.

Pour y parvenir, nous devons à tout prix protéger l’École et ceux qui la constituent. Une société qui va bien est en effet une société qui respecte en particulier ses professeurs et son École car ils sont les vecteurs du savoir et de la culture et comme le rappelait Albert Camus, "Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude".

S’engager dans une politique de qualité pour les ressources humaines est donc essentiel, et notre académie s’est résolument investie, et continuera de le faire, en ce sens. Écouter, dialoguer, accompagner, protéger, libérer et fédérer les énergies, valoriser les talents et les compétences de toutes et tous, telle est notre direction commune. C’est à ces conditions que nous créerons les conditions d’une école ambitieuse au bénéfice des élèves, et qui soit en mesure de lutter contre les assignations sociales et territoriales.

"L’égalité des chances est bien notre objectif et la colonne vertébrale de notre action." Mais nous devons aussi œuvrer à une école fondée sur le respect de l’autre, des autres. Depuis la maternelle jusqu’à l’université, elle a ainsi cette mission fondamentale de transmettre aux élèves les clés de compréhension du monde pour que toutes et tous puissent se forger leurs propres opinons et développer leur esprit critique, parce que c’est précisément ce que le fanatisme déteste, et ce contre quoi il lutte : l’ignorance est son alliée tant il est vrai que, comme le rappelait Victor Hugo, "C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau confus des multitudes (...)". En éveillant les consciences et en allumant des "flambeaux dans les esprits", l’École contribue ainsi à la lutte contre la haine et l’obscurantisme.

Continuons, dans nos missions et par nos actions, à dire non aux intégrismes, non au racisme, non à l’antisémitisme, non aux LGBT phobies, non à celles et ceux qui souhaitent diviser plutôt qu’unir, opposer plutôt que rassembler, non à celles et ceux qui pensent que la différence est une faiblesse plutôt qu’une richesse.

L’École avec un grand É ne doit rien céder sur ses valeurs. À chacune et chacun, je souhaite une bonne découverte de ce dossier et une excellente année scolaire."

Nathalie Albert-Moretti,
rectrice de la région académique Bourgogne-Franche-Comté et de l’académie de Besançon,
chancelière des universités.